Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que Macduff était presque sur son dos, sauta à bas de son cheval en s’écriant : — Traître, qu’as-tu à me suivre si vainement, moi qui ne suis pas désigné pour être tué par une créature née d’une femme ? Allons ! reçois la récompense que tu as méritée pour ta peine. — Et sur ce, il leva son épée, pensant le tuer.

» Mais Macduff, ayant évité son élan par un rapide mouvement de son cheval, lui répondit, tenant son épée nue à la main : — Tu as dit vrai, Macbeth, le moment est venu où ton insatiable cruauté doit avoir sa fin, car je suis celui-là même dont tes sorciers t’ont parlé : je ne suis pas né de ma mère, mais j’ai été arraché de son ventre. — Et aussitôt il marcha à lui et le tua sur la place. Alors, lui ayant coupé la tête, il la mit au haut d’une perche, et la porta à Malcolm.

» Telle fut la fin de Macbeth, qui avait régné dix-sept ans sur les Écossais. Au commencement de son règne, il accomplit bien des actes méritoires, très-profitables à la république ; mais ensuite, cédant à l’illusion du diable, il la déshonora par la plus terrible cruauté. Il fut tué en l’an de l’Incarnation 1057, et dans la seizième année du règne d’Édouard, roi d’Angleterre[1]. »


II


Nous venons de voir comment se gagnent les couronnes au xie siècle. Un seigneur, qui passe pour le meilleur et le plus brave de son temps, assassiné son hôte endormi, et devient roi par un régicide. Voyons donc si de nouvelles générations vaudront mieux. Quittons le xie siècle, franchissons tout le xiie et, gardant pour guide, le véridique Holinshed, observons ce qui se passe.

  1. Holinshed.