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LE ROI JEAN.

SCÈNE VII.
[La grand salle du palais.]
Entrent le roi Jean, couronné, Pembroke, Salisbury, et d’autres lords. Le roi monte sur son trône.
LE ROI JEAN.

— Ici nous nous asseyons de nouveau, de nouveau couronné, — et nous sommes vu, j’espère, par des yeux réjouis.

PEMBROKE.

— Ce second sacre, sauf le bon plaisir de votre altesse, — était superflu. Vous aviez été couronné déjà, — et cette majesté suprême ne vous avait pas été arrachée ; — la foi des hommes n’avait pas été entachée de révolte ; — le pays n’avait pas été troublé par de nouvelles ambitions, — par le désir d’un changement ou d’un état meilleur.

SALISBURY.

— Ainsi s’entourer d’une double pompe, — c’est chamarrer un titre déjà assez riche, — c’est dorer l’or raffiné, c’est peindre le lis, — c’est jeter un parfum sur la violette, — c’est polir la glace, c’est ajouter une nouvelle couleur — à l’arc-en-ciel, ou chercher à illuminer — avec un flambeau l’œil magnifique du firmament : — autant d’excès inutiles et ridicules.

PEMBROKE.

— N’était que votre bon plaisir royal doit être obéi, — cet acte-là est comme un vieux conte raconté de nouveau, — et qui, à la dernière redite, devient fastidieux, — ressassé qu’il est hors de propos.

SALISBURY.

— Il défigure la face antique et bien connue — de la