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SCÈNE VI.
d’hui. — En vérité, je voudrais que vous fussiez un peu malade, — pour que je pusse passer toute la nuit à veiller près de vous. — Je vous garantis que je vous aime plus que vous ne m’aimez.
HUBERT, à part.

— Ses paroles prennent possession de mon cœur.

Haut.

— Lisez ceci, jeune Arthur.

Il lui tend un papier.
À part, s’essuyant les yeux.

Allons ! larmoiement stupide ! — Mettrait-il à la porte l’inflexible torture ? — Il faut en finir, de peur que ma résolution ne s’échappe — de mes yeux en tendres larmes de femmelette.

Haut, à Arthur.

— Ne pouvez-vous pas lire ? N’est-ce pas bien écrit ?

ARTHUR.

— Trop bien, Hubert, pour une œuvre aussi hideuse ! — Faut-il que vous me brûliez les deux yeux avec un fer rouge ?

HUBERT.

— Il le faut, jeune enfant.

ARTHUR.

Et le ferez-vous ?

HUBERT.

Et je le ferai.

ARTHUR.

— En aurez-vous le cœur ? Quand vous — aviez seulement un mal de tête, — j’ai noué mon mouchoir autour de votre front, — (le plus beau que j’eusse, une princesse l’avait brodé pour moi), — et je ne vous l’ai jamais redemandé. — Et, la nuit, je vous tenais la tête avec ma main ; — et, veillant à vous comme la minute à l’heure, — je ne cessais de vous alléger le poids du temps, — en vous di-