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Enfin l’insurrection est décidée. Macduff et Malcolm en arrêtent le plan avec le pieux Édouard, qui met à leur disposition ses meilleures troupes commandées par Siward, comte de Northumberland. L’armée libératrice envahit l’Écosse en proclamant la déchéance de Macbeth et l’avènement de Malcolm III. Elle traverse sans coup férir les Marches, le Lothian, le comté de Perth. Mais où donc est Macbeth ? où donc est l’ancien vainqueur de Suénon et de Canut ? Il s’est retranché dans le château de Dunsinane ; et, malgré la défection des thanes, il attend en riant les insurgés.

« Macbeth croyait, tant il avait foi dans les prophéties, qu’il ne serait jamais vaincu avant que la forêt de Bernane eût été amenée à Dunsinane, et qu’il ne pouvait être tué par aucun homme né d’une femme.

» Malcolm, poursuivant Macbeth en toute hâte, parvint à la forêt de Bernane la nuit avant la bataille, et quand son armée se fut reposée et rafraîchie là quelque temps, il commanda à chaque homme de prendre dans sa main une branche d’arbre, aussi grosse qu’il la pourrait porter, et de marcher ainsi de façon que, dès le lendemain, toutes les troupes fussent à portée de l’ennemi sans avoir été aperçues.

» Le lendemain, quand Macbeth les vit venir de cette manière, il se demanda d’abord avec étonnement ce que la chose signifiait ; mais à la fin il se rappela la prédiction qui lui avait été faite sur l’arrivée de la forêt de Bernane au château de Dunsinane, et il pensait que sans doute elle allait être accomplie. Néanmoins, il rangea ses hommes en ordre de bataille et les exhorta à agir vaillamment : mais les ennemis eurent à peine jeté leurs branches, que Macbeth, apercevant leur nombre, prit immédiatement la fuite. Macduff le poursuivit avec une grande haine jusqu’à Lunfannaine. Là, Macbeth, voyant