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SCÈNE III.
Français — et l’a rejeté, loin de sa mission libératrice, — d’une guerre résolue et honorable — à la paix la plus ignoble et la plus infâme ! — Et moi-même, pourquoi est-ce que je déblatère contre l’Intérêt ? — c’est seulement parce qu’il ne m’a pas encore caressé ; — ce n’est point que j’aurais la force de fermer la main, — si ses beaux anges d’or voulaient faire connaissance avec ma paume ; — c’est simplement que, ma main n’ayant pas encore été tentée, — je dois, en ma qualité de pauvre, déblatérer contre le riche. — Oui, tant que je serai misérable, je déblatérerai, — et ne trouverai de faute qu’au riche ; — quand je serai riche, j’aurai pour vertu de ne trouver de vices qu’à la misère. — Puisque les rois violent leurs serments selon leur commodité, — Intérêt, sois mon Dieu ! car je veux t’adorer (31) !
Il sort.

SCÈNE III.
[La tente du roi de France]
Entrent Constance, Arthur et Salisbury.
CONSTANCE, à Salisbury.

— Partis pour se marier ! partis pour se jurer la paix ! — un sang parjure uni à un sang parjure ! partis pour être amis ! — Louis aura Blanche, et Blanche ces provinces ? — Cela n’est pas, tu as mal dit, mal entendu. — Réfléchis bien ; répète-moi ton récit. — C’est impossible. Toi, tu dis simplement : Cela est. — Je suis convaincue que je puis ne pas être convaincue par toi ; car ta parole — n’est que le vain souffle d’un homme vulgaire. — Crois-moi, je ne te crois pas, homme ; — j’ai un serment de roi pour garant du contraire. — Tu seras puni pour m’avoir ainsi alarmée : — car je suis malade, et acces-