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(En effet, celui-ci venait d’être investi de cette dignité et de cet office par la mort de son père Sinell.) La seconde dit : Salut, Macbeth, thane de Cawdor ! Mais la troisième dit : Salut, Macbeth, qui sera roi d’Écosse !

» — Quelle sorte de femmes êtes-vous donc, s’écria alors Banquo, vous qui me paraissez si peu favorables, tandis qu’à mon compagnon, outre de hauts offices, vous assignez la royauté, sans rien m’accorder ?

» — Si fait, dit la première, nous te promettons de plus grands bienfaits qu’à lui, car il est vrai qu’il régnera, mais pour faire une fin malheureuse, et sans laisser derrière lui une postérité qui le remplace ; tandis que toi, il est vrai que tu ne régneras pas, mais de toi naîtront des princes qui gouverneront le royaume d’Écosse par une longue succession en descendance directe.

» Sur ce, les susdites femmes s’évanouirent. Cette apparition ne fut d’abord regardée que comme une illusion vaine et fantastique par Macbeth et Banquo ; à ce point que Banquo appelait, en riant, Macbeth, roi d’Écosse, et qu’en revanche, par plaisanterie, Macbeth appelait Banquo le père de tant de rois. Mais ce fut dans la suite l’opinion générale que ces femmes étaient les sœurs fatidiques, c’est-à-dire les déesses de la destinée, ou bien quelques nymphes ou fées, douées par la nécromancie d’une science prophétique, parce que tout s’accomplit comme elles l’avaient dit. En effet, peu de temps après, le thane de Cawdor ayant été condamné à Forres, pour trahison envers le roi, ses terres, ses biens et ses dignités furent accordées à Macbeth par la libéralité royale.

» Dans la soirée même de ce jour-là, à souper, Banquo, plaisantant avec Macbeth, lui dit :

» — Eh bien, Macbeth, tu as obtenu les choses que les deux premières sœurs t’avaient prédites ; il ne te reste plus qu’à acquérir celle que la troisième t’a annoncée.