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sacra, et réduisit Suénon à se rembarquer en hâte avec dix hommes qui lui restaient.

Le troisième exploit du fils de Sinell fut le plus glorieux.

Canut, le fameux Canut qui avait gagné la couronne d’Angleterre et qui épouvantait l’Europe, voulut venger le massacre des Norwégiens et la défaite de son frère Suénon. Il fréta une immense expédition et débarqua dans le comté de Fife. — Cette fois, le péril est suprême. C’en est fait, non-seulement de la dynastie de Crinan, mais de la race des Pictes. Qui pourra résister au conquérant qui a vaincu les Saxons et qui envahit l’Écosse à la tête de quatre peuples ? Un seul homme ose une pareille lutte : c’est le thane de Glamis.

Le danger national rend Macbeth héroïque : Macbeth sonne l’alarme dans les montagnes, il appelle et rallie tous les clans autour de sa fanfare ; puis, assisté de Banquo, il aborde l’ennemi. Le choc des Pictes contre les Scandinaves est terrible : Macbeth est au milieu de la mêlée et fait des prodiges. Enfin, les pirates reculent et regagnent leurs barques. L’invasion est repoussée, Macbeth a vaincu le vainqueur des Saxons, et Canut humilié lui achète la permission d’enterrer ses morts.

Ce fut après ce triomphe décisif qu’une tentation étrange s’offrit à Macbeth.

« Un jour, dit le chroniqueur Holinshed, que Macbeth et Banquo se rendaient à Forres où le roi couchait en ce temps-là, flânant ensemble par les chemins, sans autre compagnie qu’eux-mêmes, il arriva qu’après avoir traversé des bois et des champs, ils rencontrèrent brusquement, au milieu d’une clairière, trois femmes en costume bizarre et sauvage, ressemblant aux créatures d’un monde plus âgé. Comme ils les considéraient attentivement, grandement étonnés d’un tel spectacle, la première de ces femmes parla et dit : Salut, Macbeth, thane de Glamis !