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— Que chacun soit maître de son temps — jusqu’à sept heures du soir ; pour que la société — n’en soit que mieux venue près de nous, nous resterons seul — jusqu’au souper. Jusque-là, que Dieu soit avec vous !

Sortent lady Macbeth, les seigneurs, les dames, etc.
MACBETH, à un serviteur.

— Drôle, un mot ! Ces hommes attendent-ils nos ordres ?

LE SERVITEUR.

— Ils sont là, monseigneur, à la porte du palais.

MACBETH.

— Amène-les devant nous.

Sort le serviteur.

Être ceci n’est rien ; — il faut l’être sûrement. Nos craintes se fixent — profondément sur Banquo : dans sa royale nature — règne tout ce qui est redoutable. Il est homme à oser beaucoup ; — et à la trempe intrépide de son âme — il joint une sagesse qui guide sa valeur — à une action sûre. Il est le seul — dont je redoute l’existence, et mon génie — est dominé par le sien, comme, dit-on, — Marc-Antoine l’était par César. Il a apostrophé les sœurs, — quand elles m’ont décerné le nom de roi, — et il les a sommées de lui parler. Alors, d’une voix prophétique, — elles l’ont salué père d’une lignée de rois ! — Elles m’ont placé sur la tête une couronne infructueuse — et mis au poing un sceptre stérile, — que doit m’arracher une main étrangère, — puisque nul fils ne doit me succéder. S’il en est ainsi, — c’est pour les enfants de Banquo que j’ai souillé mon âme, — pour eux que j’ai assassiné le gracieux Duncan, — pour eux que j’ai versé le remords dans la coupe de mon repos, — pour eux seuls ! Mon éternel joyau, — je l’ai donné à l’ennemi commun du genre humain — pour les faire rois ! pour faire rois les rejetons de Banquo ! — Ah ! viens