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LE PORTIER.

Ma foi, monsieur, nous avons fait des libations jusqu’au second chant du coq ; et le boire, monsieur, est le grand provocateur de trois choses.

MACDUFF.

Quelles sont les trois choses que le boire provoque spécialement ?

LE PORTIER.

Dame, monsieur, le nez rouge, le sommeil et l’urine. Quant à la paillardise, monsieur, il la provoque et la réprime ; il provoque le désir et empêche l’exécution. On peut donc dire que le boire excessif est le casuiste de la paillardise : il la crée et la détruit ; il l’excite et la dissipe ; il la stimule et la décourage ; il la met en train et pas en train ; pour conclusion, il la mène à un sommeil équivoque et l’abandonne, en lui donnant le démenti.

MACDUFF.

Je crois que le boire t’a donné un démenti la nuit dernière.

LE PORTIER.

Oui, monsieur, un démenti par la gorge, mais je le lui ai bien rendu ; car, étant, je crois, plus fort que lui, bien qu’il m’ait tenu quelque temps les jambes, j’ai trouvé moyen de m’en débarrasser.

MACDUFF.

— Ton maître est-il levé ? — Nos coups de marteau l’ont éveillé. Le voici.

Macbeth entre.
LENOX.

— Bonjour, noble seigneur.

MACBETH.

Bonjour à tous deux.