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Tout allait bien jusque-là, et Alisa Pearson s’attendait à de beaux honoraires qui devaient lui payer ses visites. Mais bientôt, au lieu de recevoir le majordome de sa grandeur comme elle s’y attendait, elle vit entrer chez elle le shériff du tribunal de Saint-André qui venait l’arrêter.

Voici l’explication de cette inquiétante visite.

L’évêque de Saint-André, une fois guéri, avait eu des scrupules sur la légitimité de sa guérison ; il avait conçu des doutes graves sur l’orthodoxie de cette médecine qui faisait passer dans un cheval la fièvre d’un homme ; et, pour éclaircir ses doutes, il avait porté contre Alisa une plainte en sorcellerie.

Soumise à la torture, la pauvre enfant raconta que le remède par elle administré à sa grandeur lui avait été indiqué par son cousin William Sympsone, lequel cousin vivait retiré à la cour des fées et lui apparaissait chaque fois qu’elle l’appelait. Elle ajouta, pour sa défense, que ce n’était pas elle qui avait établi ces relations, que c’était son cousin qui s’était de lui-même offert à elle et l’avait, entraînée, malgré sa volonté, au milieu de ses nouveaux amis, et que même, pendant sept ans, elle avait été disgraciée par la reine des fées. — Cette justification ne parut pas suffisante ; et, malgré tout le bien qu’elle avait fait, malgré sa vertu exemplaire reconnue par tous, malgré ses larmes de repentir, Alisa Pearson fut condamnée comme sorcière.

Elle périt sur le bûcher, le 29 mai 1586.

Pour que le lecteur ne m’accuse pas d’exagération, je traduis ici de l’écossais le texte de cet inqualifiable jugement, monument trop oublié de la justice humaine :

« Ce jourd’hui, 28 mai 1586. Considérant qu’Alisa Pearson, de Byrehill, a consulté l’esprit malin sous la forme d’un certain William Sympsone, son cousin, qui,