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livre dans sa main, le disciple tenant le cristal dans sa main droite et le regardant quand la fée paraît. Puis, que le maître prononce sept fois l’évocation suivante :

« Je te conjure, Sibylle, ô gentille vierge-fée, par tous les anges de ♃, et par leurs caractères et vertus, et par tous les esprits de ♃ et de ♀, et par leurs caractères et vertus, et par la foi et l’obéissance que tu leur dois ; je te conjure, ô belle et bienheureuse vierge, par tous les noms réels ; je te conjure, Sibylle, par toutes leurs vertus, et je te somme, sans plus tarder, d’apparaître devant nous visible, sous la forme d’une belle femme au vêtement blanc et éclatant, afin d’accomplir pleinement mes volontés et mes désirs[1]. »

Malgré la sublimité de leurs relations, malgré l’élévation de leur doctrine, la noblesse de leur but et l’austérité de leur vie, les enchanteurs ne furent pas beaucoup mieux traités que les sorciers pendant le moyen âge. L’Église poursuivait les sorciers comme des renégats ; elle persécuta les enchanteurs comme des hérétiques.

Traqués par le pouvoir ecclésiastique, les adeptes de la magie blanche se réfugièrent presque tous sous la protection des autorités laïques. Toutefois, hâtons-nous de le dire, ce patronage accordé par les princes aux enchanteurs n’avait rien de désintéressé. Les princes n’encourageaient la science occulte que parce que cette science, ayant pour objet la découverte de la pierre philosophale, leur promettait une mine d’inépuisables richesses. Mais malheur à ces savants s’ils décevaient trop longtemps les espérances royales ! Voyez le sort des plus illustres. Au treizième siècle, le moine Roger Bacon, abandonné par les rois d’Angleterre, est enfermé par l’Inquisition pen-

  1. Discoverie of Witchcraft, p. 404.