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Charles Stuart contre les usurpateurs allemands, de même que, seize siècles auparavant, elles avaient combattu pour Arthur contre les envahisseurs saxons. On disait partout dans les montagnes d’Écosse que les fées faisaient d’immenses préparatifs pour cette campagne décisive, et que, le jour de la bataille prochaine, on verrait tout à coup le grand écuyer de leur reine charger les bataillons anglo-hanovriens à la tête d’un escadron magique. À l’appui de ces espérances, les mieux informés racontaient dans les veillées l’aventure que voici.

Dernièrement, un jockey allait vendre un magnifique cheval noir à la grande foire de Fife. En route, il rencontra un vieillard à l’aspect vénérable qui entama la conversation avec lui et lui demanda à acheter sa bête. Le maquignon dit son prix ; le vieillard dit le sien ; enfin, tous deux tombèrent d’accord, et le marché fut conclu.

L’acheteur prit le cheval en disant au vendeur :

— Je n’ai pas la somme sur moi, mais venez me retrouver ce soir, et vous serez payé.

— Où faut-il aller ? fit le jockey.

— Là, au haut du Lucken-Hare.

Et le vieillard désignait la côte la plus saillante de la chaîne d’Eildon.

— C’est bien. À quelle heure ?

— À minuit.

— À minuit, au Lucken-Hare, c’est convenu. Et les deux hommes se séparèrent.

Le soir, le maquignon arriva au rendez-vous. Le vieillard l’attendait déjà.

— Voici votre argent, dit-il au nouveau venu, voyez si la somme y est.

Le jockey ouvre le sac et se met à compter les pièces d’or au clair de lune.