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jeux. Partout la terreur a disparu. L’homme a perdu sa terrible prérogative et vit, égal, au milieu de ses égaux. Le bonheur et la science ont rayonné enfin sur la terre. La paix inspire l’esprit, la santé a restauré le corps. La maladie et le plaisir cessent de se mêler, la raison et la passion, de combattre. Chacun, devenu libre, déploie sur la terre son irrésistible énergie et y porte le sceptre d’un vaste empire. Toutes les formes et tous les modes de la matière prêtent leur concours à l’omnipotence de l’esprit, qui, de la mine obscure, tire l’escarboucle Vérité pour en illuminer son pacifique Paradis !


IX


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» Esprit, ma tâche est terminée. Tu possèdes la science. Les prodiges de la terre sont à toi, avec toute la crainte et tout l’espoir qu’ils contiennent. Mes charmes sont épuisés, et voici le présent qui reparaît. Hélas ! le bras réparateur de l’homme a encore à soumettre bien des déserts inexplorés.

» Pourtant, Esprit humain, poursuis bravement ta route. Que la vertu t’enseigne à traverser fermement les sentiers graduels du progrès en ascension ! Car la naissance et la vie, la mort et cet étrange état où l’âme nue n’a pas encore trouvé sa demeure, tendent tous au bonheur complet. Tous poussent dans le chemin les roues infatigables de l’être, dont les rayons étincelants, animés d’une vie infinie, brûlent d’atteindre le but prédestiné. Car la naissance ne fait qu’éveiller l’âme à la sensation des objets extérieurs, pour que leurs formes inconnues ajoutent à sa nature de nouveaux modes de passion. La vie