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PROSPERO, à Gonzalo.

Et d’abord, noble ami, — laisse-moi embrasser ta vieillesse, à qui le respect — est dû sans mesure et sans restriction.

GONZALO.

Tout ceci est-il — ou n’est-il pas ? Je ne jurerais de rien.

PROSPERO.

Vous vous ressentez encore — de certains mirages de cette île qui vous empêchent — de croire à l’évidence.

Aux seigneurs napolitains.

Soyez tous les bienvenus, mes amis.

À part, à Sébastien et à Antonio.

— Quant à vous, mon couple de seigneurs, si j’en avais la fantaisie, — je pourrais ici attirer sur vous la colère de son altesse — et vous prouver traîtres. Pour le moment — je ne divulguerai rien.

SÉBASTIEN, à part.

C’est le diable qui parle en lui.

PROSPERO.

Non.

À Antonio.

— Quant à vous, le plus méchant de tous, vous, monsieur, que je ne puis nommer frère — sans m’empoisonner la bouche… je te pardonne — ta faute la plus noire ; je te les pardonne toutes, et je réclame — de toi mon duché, que forcément, je le sais, — tu dois me rendre.

ALONSO.

Si tu es Prospero, — dis-nous les détails de ta préservation, — et comment tu nous as retrouvés sur cette côte où, il y a trois heures, — nous avons été jetés, après un naufrage où j’ai perdu — (combien ce souvenir est déchirant !) — Ferdinand, mon fils chéri.