Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À Ferdinand et à Miranda.

— Plus de langue ! tout yeux ! silence !

On entend une douce musique.


une mascarade.
Entre Iris.
IRIS.

Cérès, très-bienfaisante dame, quitte tes riches champs
De blé, de seigle, d’orge, de vesce, d’avoine et de pois,
Tes montagnes, dont les moutons vont broutant le gazon,
Et tes plaines couvertes de foin où ils sont parqués ;
Quitte tes rives bordées de pivoines ou de lis,
Que garnit à ton ordre le spongieux Avril pour faire
Aux froides nymphes de chastes couronnes, tes bosquets de genêts,
Dont l’ombre est aimée du bachelier éconduit
Et resté sans maîtresse, tes vignes enlacées aux échalas,
Et la plage stérile et rocheuse
Où tu vas toi-même prendre l’air. La reine du ciel,
Dont je suis l’arche humide et la messagère,
Te commande de laisser tout pour venir folâtrer
Ici, sur cette pelouse, à cette place même,
Avec sa majesté. Ses paons volent à tire d’aile.
Approche, riche Cérès, pour la recevoir.

Entre Cérès.
CÉRÈS.

Salut, messagère diaprée qui jamais
N’as désobéi à l’épouse de Jupiter,
Qui, de tes ailes safranées, sur mes fleurs
Secoues en gouttes de miel de rafraîchissantes ondées,
Qui, de chaque bout de ton arc bleu, couronnes
Mes champs coupés de haies et mes dunes déboisées !
Riche écharpe de ta terre superbe ! Pourquoi ta reine
Me convie-t-elle ainsi sur cette pelouse court-tondue ?

IRIS.

Pour célébrer une union d’amour pur