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PROSPERO.

— Ainsi, comme un don que je te fais, et comme une acquisition — que tu as dignement achetée, prends ma fille ! Mais, — si tu romps le nœud de sa virginité avant — que toutes les cérémonies saintes soient — accomplies dans toutes les règles du rite sacré, — le ciel ne laissera pas tomber de douce rosée — pour faire germer cette union ; mais la haine stérile, — le dédain à l’œil amer et la discorde sèmeront — votre lit nuptial d’une si odieuse zizanie — qu’il vous fera horreur à tous deux. Ainsi, attendez — que les lampes d’Hymen vous éclairent.

FERDINAND.

Comme j’espère — des jours tranquilles, une belle lignée et une longue vie — d’un tel amour, l’antre le plus obscur, — la place la plus propice, les plus fortes suggestions — de notre plus mauvais génie, ne réussiront pas à fondre — mon honneur en luxure ni à émousser — l’aiguillon de la célébration nuptiale, — quand je croirais que les coursiers de Phébus se sont abattus en route — ou que la nuit est tenue enchaînée sous l’horizon !

PROSPERO.

Bien dit. — Assieds-toi donc et cause avec elle. Elle est à toi. — Allons, Ariel ! mon industrieux serviteur Ariel !

Entre Ariel.
ARIEL.

— Que veut mon puissant maître ? me voici.

PROSPERO.

— Toi et ta troupe subalterne, vous avez dignement rempli — votre dernière tâche ; et il faut que je vous em-