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CALIBAN.

— Eh bien, comme je te l’ai dit, c’est une coutume chez lui — de dormir dans l’après-midi : tu peux alors lui faire sauter la cervelle, — après t’être emparé de ses livres, ou bien avec une bûche — lui briser le crâne, ou bien l’éventrer avec un pieu, — ou lui couper le sifflet avec ton couteau. N’oublie pas, — avant tout, de prendre ses livres ; car sans eux, — il ne serait qu’un sot comme moi, et il n’aurait pas — un esprit à ses ordres : tous le haïssent — aussi radicalement que moi. Ne brûle que ses livres. — Il a d’excellents ustensiles, (comme il les appelle), — dont il doit garnir sa maison, quand il en aura une. — Mais, ce qui est le plus à considérer, c’est — la beauté de sa fille : lui-même — la trouve sans pareille ; je n’ai jamais vu de femme — que Sycorax ma mère et elle ; — mais elle l’emporte sur Sycorax autant — que le plus grand sur le plus petit. —

STEPHANO.

C’est donc une fille magnifique ?

CALIBAN.

— Oui, seigneur. Elle sera digne de ton lit, je t’assure, — et elle te donnera une superbe couvée. —

STEPHANO.

Monstre, je tuerai cet homme ; sa fille et moi, nous serons le roi et la reine. Dieu garde nos majestés !… Trinculo et toi, vous serez vice-rois… Comment trouves-tu le complot, Trinculo ?

TRINCULO.

Excellent !

STEPHANO.

Donne-moi ta main : je suis fâché de t’avoir battu ; mais, tant que tu vivras, sois bonne langue.

CALIBAN.

— Dans une demi-heure, il sera endormi : — veux-tu le détruire alors ? —