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TRINCULO.

Mais que ce pauvre monstre est ivre ! L’abominable monstre !

CALIBAN.

— Je veux te montrer les bonnes sources, te cueillir des baies, — aller à la pêche pour toi, et te procurer tout le bois nécessaire. — Peste soit du tyran que je sers ! — Je ne lui porterai plus de fagots. C’est toi que je suivrai, — toi, homme merveilleux ! —

TRINCULO.

Oh ! le risible monstre ! faire une merveille d’un pauvre ivrogne !

CALIBAN.

— Je t’en prie, laisse-moi te mener où croissent les pommes sauvages. — Je veux de mes ongles longs te déterrer des truffes, — te montrer un nid de geais, t’apprendre à — attraper le leste marmouset. Je veux te mener — aux bouquets de noisettes, et t’apporter parfois — de jeunes mouettes du rocher. Veux-tu venir avec moi ? —

STEPHANO.

Je t’en prie, ouvre la marche, sans ajouter un mot… Trinculo, le roi et tout notre monde étant noyés, c’est nous qui héritons ici.

À Caliban.

Tiens, porte ma bouteille… Camarade Trinculo, tout à l’heure nous la remplirons de nouveau.

CALIBAN, chantant d’une voix avinée.

Adieu ! mon maître ! adieu ! adieu !

TRINCULO.

Que ce monstre hurle ! qu’il est ivre !

CALIBAN.

Je n’aurai plus à faire de viviers pour le poisson,
À chercher du bois pour le feu