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ANTONIO, à Sébastien.

Et la plus accomplie qui soit jamais allée là.

SÉBASTIEN.

Exceptez, je vous en supplie, la veuve Didon.

ANTONIO.

Ah ! la veuve Didon ? oui, la veuve Didon !

GONZALO, à Alonso.

Seigneur, mon pourpoint n’est-il pas aussi frais que la première fois où je le portai ? je veux dire, en quelque sorte.

ANTONIO, à Sébastien.

Cette sorte-là a été bien pêchée.

GONZALO.

Vous savez, quand je le portai aux noces de votre fille…

ALONSO.

— Vous me bourrez les oreilles de paroles qui sont indigestes — à ma pensée. Plût au ciel que je n’eusse jamais — marié ma fille dans ce pays ! Car c’est en en revenant — que j’ai perdu mon fils ; et elle, j’en suis sûr, — reléguée comme elle l’est loin de l’Italie, — je ne la reverrai non plus jamais… Ô toi, mon héritier de Naples et de Milan, de quel étrange poisson — as-tu fait le repas ?

FRANCISCO.

Seigneur, il se peut qu’il vive. — Je l’ai vu fouetter les lames sous lui — et chevaucher sur leur croupe. Il avançait sur l’eau — dont il refoulait les fureurs, opposant sa poitrine — aux plus grosses vagues qu’il rencontrait ; il gardait — sa tête hardie au-dessus des flots ennemis, et, de ses bras forts, — ramait lui-même à coups vigoureux — vers le rivage qui, penché sur sa base battue de houle, — semblait s’incliner pour le se-