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PROSPERO.

— Avant que le temps soit fini ? Assez !

ARIEL.

Je t’en prie, — souviens-toi comme je t’ai dignement servi. — Je ne t’ai pas dit de mensonges ni fait de bévues ; je t’ai obéi — sans rancune, sans murmure. Tu m’as promis — de me rabattre une année entière.

PROSPERO.

Oublies-tu — de quelle torture je t’ai délivré ?

ARIEL.

Non.

PROSPERO.

— Si fait, car tu comptes — pour beaucoup de fouler le limon des profondeurs salées, — de courir sur le vent aigu du Nord, — et de faire mes commissions dans les veines de la terre, — quand elle est cuite par la gelée.

ARIEL.

Non, monsieur.

PROSPERO.

— Tu mens, être malin. As-tu oublié — la hideuse sorcière Sycorax, que l’envie et l’âge — courbaient en cerceau ? L’as-tu oubliée ?

ARIEL.

— Non, monsieur.

PROSPERO.

Si fait… Où est-elle née ? Parle ! dis-moi.

ARIEL.

— Monsieur, à Alger.

PROSPERO.

Oui-dà ? Je suis forcé, — une fois par mois, de te raconter ce que tu étais : — tu l’oublies toujours. Cette damnée sorcière Sycorax, — pour nombre de méfaits, pour des sorcelleries terribles — à l’oreille humaine, fut, tu le sais, — bannie d’Alger : quelque chose qu’elle fit