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PROSPERO.

Du vaisseau du roi, — des marins, dis-moi, qu’as-tu fait, — ainsi que du reste de la flotte ?

ARIEL.

En sûreté, dans un havre, — est le vaisseau du roi. Tu sais cette crique profonde où une fois — tu m’évoquas à minuit pour t’aller chercher de la rosée — des Bermudes aux éternelles tourmentes : il est caché là. — Les marins sont tous entassés sous les écoutilles ; — et, par un charme joint à leur fatigue, — je les ai laissés endormis. Pour le reste des navires — que j’avais dispersés, ils se sont ralliés — et voguent sur le flot méditerranéen, — retournant tristement à Naples, — avec l’idée qu’ils ont vu naufrager le vaisseau du roi — et périr sa personne auguste.

PROSPERO.

Ariel, ta mission — est exactement remplie ; mais il y a de la besogne encore. — À quel moment sommes-nous ?

ARIEL.

Le milieu du jour est passé, — de deux sabliers au moins.

PROSPERO.

Le temps qui reste jusqu’au sixième — doit être précieusement employé par nous deux.

ARIEL.

— Encore du travail ! Puisque tu me donnes tant de peine, — laisse-moi te rappeler la promesse — que tu n’as pas encore accomplie.

PROSPERO.

Eh bien ! de l’humeur ? — Que peux-tu demander ?

ARIEL.

Ma liberté.