Venons aux conditions : — Le roi de Naples, étant mon ennemi — invétéré, écoute la requête de mon frère ; — on convient qu’en retour des concessions susdites, — de l’hommage et de je ne sais quel tribut, — le roi m’extirpera immédiatement du duché, — moi et les miens, et conférera la belle Milan, — avec tous les honneurs, à mon frère. Sur ce, — une armée levée pour la trahison, au milieu d’une nuit — fixée pour le projet, ouvre à Antonio — les portes de Milan ; et, au milieu des ténèbres sépulcrales, — les exécuteurs désignés m’enlèvent — avec toi, toute en larmes !
Ô douleur ! — Moi qui ne me souviens pas combien je pleurais alors, — je me sens prête à pleurer de nouveau. Je ne sais quelle pression — tord mes yeux.
Écoute encore un peu, — et je vais t’amener à l’affaire — qui nous occupe aujourd’hui : sans quoi, mon récit — manquerait de conclusion.
Pourquoi ne nous firent-ils pas — périr sur l’heure ?
Bien demandé, fillette. — Mon récit provoque cette question. Chère, ils n’osèrent pas, — si tendre était l’amour que mon peuple me portait ! Ils — ne mirent pas de taches de sang sur l’affaire, mais — ils peignirent leur noir projet de plus belles couleurs. — Bref, on nous jeta à bord d’une barque ; — on nous transporta à quelques lieues en mer. Là on amena — la carcasse pourrie d’un bateau, sans agrès, — sans cordages, sans voiles, sans mât, que les rats eux-mêmes — avaient quittée instinctivement. Puis, on