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sur les yeux de Lysandre cette herbe, — dont la liqueur a la propriété spéciale — de dissiper toute illusion — et de rendre aux prunelles leur vue accoutumée. — Dès qu’ils s’éveilleront, toute cette dérision — leur paraîtra un rêve, une infructueuse vision ; — et ces amants retourneront à Athènes — dans une union qui ne finira qu’avec leur vie. — Tandis que je t’emploierai à cette affaire, — j’irai demander à ma reine son petit Indien ; — et puis je délivrerai ses yeux charmés — de leur passion pour un monstre, et la paix sera partout.
PUCK.

— Mon féérique seigneur, ceci doit être fait en hâte ; — car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages à plein vol, — et là-bas brille l’avant coureur de l’aurore. — À son approche, les spectres errant çà et là — regagnent en troupe leurs cimetières : tous les esprits damnés, — qui ont leur sépulture dans les carrefours et dans les flots, — sont déjà retournés à leurs lits véreux. — Car, de crainte que le jour ne luise sur leurs fautes, — ils s’exilent volontairement de la lumière — et sont à jamais fiancés à la nuit au front noir.

OBÉRON.

— Mais nous, nous sommes des esprits d’un autre ordre : — souvent j’ai fait une partie de chasse avec l’amant de la matinée, — et, comme un garde forestier, je puis marcher dans les halliers — même jusqu’à l’instant où la porte de l’Orient, toute flamboyante, — s’ouvrant sur Neptune avec de divins et splendides rayons, — change en or jaune le sel vert de ses eaux. — Mais, pourtant, hâte-toi ; ne perds pas un instant ; — nous pouvons encore terminer cette affaire avant le jour. —

Obéron sort.
PUCK.

Par monts et par vaux, par monts et par vaux,
Je vais les mener par monts et par vaux ;