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pas, — de peur qu’à tes dépens je ne te le fasse payer cher. — Tiens, voici venir tes amours ; voici ton adorée.
Entre Hermia.
HERMIA.

— La nuit noire, qui suspend les fonctions de l’œil, — rend l’oreille plus prompte à percevoir. — De ce qu’elle prend au sens de la vue, — elle rend le double à l’ouïe. — Ce n’est pas par mes yeux, Lysandre, que tu as été trouvé ; — c’est mon oreille, et je l’en remercie, qui m’a conduite à ta voix. — Mais pourquoi, méchant, m’as-tu quittée ainsi ?

LYSANDRE.

— Pourquoi serait-il resté, celui que l’amour pressait de partir ?

HERMIA.

— Quel amour pouvait presser Lysandre de quitter mon côté ?

LYSANDRE.

— L’amour de Lysandre, l’amour qui ne lui permettait pas de rester, — c’était la belle Héléna ; Héléna qui dore la nuit plus — que ces globes incandescents et ces yeux de lumière, là-haut. — Pourquoi me cherches-tu ? N’as-tu pas compris — que c’est la haine que je te porte qui m’a fait te quitter ainsi ?

HERMIA.

— Vous ne parlez pas comme vous pensez ; c’est impossible.

HÉLÉNA.

— Tenez, elle aussi, elle est de ce complot. — Je le vois maintenant, ils se sont concertés, tous trois, — pour arranger à mes dépens cette comédie. — Injurieuse Hermia ! fille ingrate ! — conspirez-vous, êtes-vous liguée