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LECOING.

Soit, nous aurons un prologue comme ça, et il sera écrit en vers de huit et de six syllabes.

BOTTOM.

Non ! deux syllabes de plus ! en vers de huit et de huit !

GROIN.

Est-ce que ces dames n’auront pas peur du lion ?

MEURT DE FAIM.

J’en ai peur, je vous le promets.

BOTTOM.

Mes maîtres, réfléchissez-y bien. Amener, Dieu nous soit en aide ! un lion parmi ces dames, c’est une chose fort effrayante ; car il n’y a pas au monde d’oiseau de proie plus terrible que le lion, voyez-vous ; et nous devons y bien regarder.

GROIN.

Eh bien, il faudra un autre prologue pour dire que ce n’est pas un lion.

BOTTOM.

Oui, il faudra que vous disiez le nom de l’acteur, et qu’on voie la moitié de son visage à travers la crinière du lion ; il faudra que lui-même parle au travers et qu’il dise ceci ou quelque chose d’équivalent : Mes dames, ou : belles dames, je vous demande, ou : je vous requiers, ou : je vous supplie de ne pas avoir peur, de ne pas trembler ; ma vie répond de la vôtre. Si vous pensiez que je suis venu en vrai lion, ce serait fâcheux pour ma vie. Non, je ne suis rien de pareil : je suis un homme comme les autres hommes. Et alors, ma foi, qu’il se nomme et qu’il leur dise franchement qu’il est Étriqué le menuisier (10).

LECOING.

Allons, il en sera ainsi. Mais il y a encore deux choses difficiles : c’est d’amener le clair de lune dans une cham-