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lombe poursuit le griffon ; la douce biche — s’élance pour attraper le tigre. Élan inutile, — quand c’est l’audace qui fuit et la poltronnerie qui court après !
DÉMÉTRIUS.

— Je ne veux pas écouter tes subtilités ; lâche-moi ; — ou bien, si tu me suis, sois sûre — que je vais te faire outrage dans le bois.

HÉLÉNA.

— Hélas ! dans le temple, dans la ville, dans les champs, — partout vous me faites outrage. Fi, Démétrius ! — vos injures jettent le scandale sur mon sexe : — en amour, nous ne pouvons pas attaquer, comme les hommes ; — nous sommes faites pour qu’on nous courtise, non pour courtiser. — Je veux te suivre et faire un ciel de mon enfer — en mourant de la main que j’aime tant.

Sortent Démétrius et Héléna.
OBÉRON.

— Adieu, nymphe ; avant qu’il ait quitté ce hallier, — c’est toi qui le fuiras, c’est lui qui recherchera ton amour.

Rentre Puck.
OBÉRON, à Puck.

— As-tu la fleur ? Sois le bienvenu, rôdeur.

PUCK.

— Oui, la voilà.

OBÉRON.

Donne-la-moi, je te prie. — Je sais un banc où s’épanouit le thym sauvage, — où poussent l’oreille d’ours et la violette branlante. — Il est couvert par un dais de chèvrefeuilles vivaces, — de suaves roses musquées et d’églantiers. — C’est là que dort Titania, à certain moment de