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HORATIO.

Comment avez-vous scellé cette dépêche ?

HAMLET.

— Eh bien, ici encore s’est montrée la Providence céleste. — J’avais dans ma bourse le cachet de mon père, qui reproduisait le sceau de Danemark. — Je pliai cette lettre dans la même forme que l’autre, — j’y mis l’adresse, — je la cachetai, je la mis soigneusement en place, — et l’on ne s’aperçut pas de l’enfant substitué. Le lendemain, — eut lieu notre combat sur mer ; et ce qui s’ensuivit, — tu le sais déjà.

HORATIO.

— Ainsi, Guildenstern et Rosencrantz vont tout droit à la chose.

HAMLET.

— Ma foi, l’ami ! ce sont eux qui ont recherché cette commission ; — ils ne gênent pas ma conscience ; leur ruine — vient de leur propre excès de zèle. — Il est dangereux pour des créatures inférieures de se trouver, — au milieu d’une passe, entre les épées terribles et flamboyantes — de deux puissants adversaires.

HORATIO.

Ah ! quel roi !

HAMLET.

— Ne crois-tu pas que quelque chose m’est imposé maintenant ? — Celui qui a tué mon père et fait de ma mère une putain, — qui s’est fourré entre la volonté du peuple et mes espérances, — qui a jeté son hameçon à ma propre vie, — et avec une telle perfidie ! ne dois-je pas, en toute conscience, — le châtier avec ce bras. Et n’est-ce pas une action damnable — de laisser ce chancre de l’humanité — continuer ses ravages ?

HORATIO.

— Il apprendra bientôt d’Angleterre — quelle est l’issue de l’affaire.