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vous feriez aux comédiens que nous avons accostés en route, et qui viennent ici vous offrir leurs services.
HAMLET.

Celui qui joue le roi sera le bienvenu ; sa majesté recevra tribut de moi ; le chevalier errant aura le fleuret et l’écu ; l’amoureux ne soupirera pas gratis ; le personnage fantasque achèvera en paix son rôle ; le clown fera rire ceux même dont une toux sèche chatouille les poumons, et la princesse exprimera librement sa passion, dût le vers blanc en être estropié… Quels sont ces comédiens ?

ROSENCRANTZ.

Ceux-là mêmes qui vous charmaient tant d’habitude, les tragédiens de la cité.

HAMLET.

Par quel hasard deviennent-ils ambulants ? Une résidence fixe, et pour l’honneur et pour le profit, leur serait plus avantageuse.

ROSENCRANTZ.

Je crois qu’elle leur est interdite en conséquence de la dernière innovation (8).

HAMLET.

Sont-ils toujours aussi estimés que lorsque j’étais en ville ? Sont-ils aussi suivis ?

ROSENCRANTZ.

Non, vraiment, ils ne le sont pas.

HAMLET.

D’où cela vient-il ? Est-ce qu’ils commencent à se rouiller ?

ROSENCRANTZ.

Non, leur zèle ne se ralentit pas ; mais vous saurez, monsieur, qu’il nous est arrivé une nichée d’enfants, à peine sortis de l’œuf, qui crient contre toute concurrence, et qui sont applaudis avec fureur pour cela ; ils sont maintenant à la mode, et ils clabaudent si fort con-