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SCÈNE VII.
[Une salle dans le château.]
Entrent le Roi, la Reine, et leur suite, Rosencrantz et Guildenstern.
LE ROI.

— Soyez les bienvenus, cher Rosencrantz et vous, Guildenstern ; — outre le désir que nous avions de vous voir, — le besoin que nous avons de vos services nous a provoqué — à vous mander en toute hâte. Vous avez su quelque chose — de la transformation d’Hamlet ; je dis transformation, — car, à l’extérieur comme à l’intérieur, c’est un homme — qui ne se ressemble plus. Un motif — autre que la mort de son père a-t-il pu le mettre — à ce point hors de son bon sens ? — je ne puis en juger. Je vous en supplie tous deux, — vous qui avez été élevés dès l’enfance avec lui, — et êtes restés depuis ses camarades de jeunesse et de goûts, — daignez résider ici à notre cour — quelque temps encore, pour que votre compagnie — le rappelle vers le plaisir, et recueillez — tous les indices que vous pourrez glaner dans l’occasion — afin de savoir si le mal inconnu, qui l’accable ainsi, — ne serait pas, une fois découvert, accessibles à nos remèdes.

LA REINE.

— Chers messieurs, il a parlé beaucoup de vous ; — et il n’y a pas, j’en suis sûre, deux hommes au monde — auxquels il soit plus attaché. Si vous vouliez bien — nous montrer assez de courtoisie et de bienveillance — pour passer quelque temps avec nous, — afin d’aider à l’accomplissement de notre espérance, — cette visite vous vaudra des remercîments — dignes de la reconnaissance d’un roi.