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qu’il possédait et qui revinrent au vainqueur. — Contre ce gage, une portion équivalente — avait été risquée par notre roi, à charge d’être réunie — au patrimoine de Fortinbras, — si celui-ci eût triomphé. Ainsi les biens de Fortinbras, d’après le traité — et la teneur formelle de certains articles, — ont dû échoir à Hamlet. Maintenant, mon cher, le jeune Fortinbras, — écervelé, tout plein d’une ardeur fougueuse, — a ramassé çà et là, sur les frontières de Norwége, — une bande d’aventuriers sans feu ni lieu, — enrôlés, moyennant les vivres et la paie, pour quelque entreprise — hardie ; or il n’a d’autre but — (et cela est prouvé à notre gouvernement) — que de reprendre sur nous, par un coup de main — et par des moyens violents, les terres susdites, — ainsi perdues par son père. Et voilà, je pense, — la cause principale de nos préparatifs, — la raison des gardes qu’on nous fait monter, et le grand motif — de tant d’activité et du tumulte que vous voyez dans le pays.
BERNARDO.

— Je pense que ce ne peut être autre chose ; tu as raison. — Cela pourrait bien expliquer pourquoi cette figure prodigieuse — passe toute armée à travers nos postes, si semblable au roi — qui était et qui est encore l’occasion de ces guerres.

HORATIO.

— C’est un phénomène qui trouble l’œil de l’esprit. — À l’époque la plus glorieuse et la plus florissante de Rome, — un peu avant que tombât le tout-puissant Jules-César, — les tombeaux laissèrent échapper leurs hôtes, et les morts en linceul — allèrent, poussant des cris rauques, dans les rues de Rome. — On vit aussi des astres avec des queues de flamme, des rosées de sang, — des signes désastreux dans le soleil ; et l’astre humide — sous l’influence duquel est l’empire de Neptune — s’éva-