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SCÈNE X.[1]
[Une chambre dans le château.]
Entre le Roi.
LE ROI.

Oh ! si ces larmes qui tombent sûr ma face — pouvaient laver ma conscience du crime ! — Quand je lève les yeux au ciel, j’y vois ma faute. — La terre crie à mon forfait : — Paie-moi le meurtre du roi ton frère — et l’adultère que tu as commis. — Oh ! ce sont des péchés impardonnables. — Ah ! dites ! quand mes péchés seraient plus noirs que le jais, — la contrition pourrait encore les rendre blancs comme la neige. — Mais, si je persévère dans le péché, — ce sera un acte de révolte contre l’universelle puissance. — Courbe-toi, malheureux, plie-toi à la prière, — demande grâce au ciel pour échapper au désespoir.

Il s’agenouille.
Entre Hamlet.
HAMLET.

Oui, c’est cela, approche et achève ton œuvre. — Ainsi, il meurt et je suis vengé. — Non pas ainsi. Il a surpris mon père endormi, gorgé de péchés ; — et qui sait, hormis les puissances immortelles, — comment son âme s’est présentée dans l’empire des cieux ? — Et moi, tuerai-je celui-ci, maintenant, — au moment où il purifie

  1. Dans le second Hamlet, la scène x commence par un entretien entre le roi et ses deux confidents, Rosencrantz et Guildenstern, où ceux-ci reçoivent la mission de conduire Hamlet en Angleterre. Cet entretien ne se trouve pas dans le premier Hamlet.