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vous-mêmes, ou vous a-t-on envoyé chercher ? — Dites-moi la vérité, allons. Je le sais, le bon roi et la bonne reine — vous ont envoyé chercher. Il y a une sorte d’aveu dans vos yeux. — Allons, je le sais, on vous a envoyé chercher.
GILDERSTONE.

Que dites-vous ?

HAMLET.

Oh ! je vois bien de quel côté est le vent. — Allons, on vous a envoyé chercher.

ROSSENCRAFT.

C’est vrai, monseigneur, et nous voudrions, s’il est possible, — connaître la cause et l’objet de votre mécontentement.

HAMLET.

Eh bien ! je veux de l’avancement.

ROSSENCRAFT.

Je ne le crois pas, monseigneur.

HAMLET.

Si, ma foi ! Ce grand univers que vous voyez ne me satisfait pas, — non, ni les cieux pailletés, ni la terre, ni la mer, — non, l’homme, cette glorieuse créature, — ne me satisfait pas, ni la femme non plus, quoique vous riiez.

GILDERSTONE.

Monseigneur, nous ne rions pas de cela.

HAMLET.

Pourquoi donc avez-vous ri, — quand j’ai dit que l’homme ne me satisfait pas ?

GILDERSTONE.

Monseigneur, nous avons ri quand vous avez dit que l’homme ne vous satisfait pas ; — car quel accueil ferez-vous aux comédiens — que nous avons abordés en route et qui viennent pour vous ?