car j’entends exclamer votre nom autant qu’aucun nom de la ville, et quoique je ne sois qu’un pauvre homme, je suis bien aise de l’entendre.
VERGES. — Et moi aussi.
LÉONATO. — Je voudrais bien savoir ce que vous avez à me dire.
VERGES. — Voyez-vous, seigneur, notre garde a pris cette nuit, sauf le respect de Votre Seigneurie, un couple des plus fieffés larrons qui soient dans Messine.
DOGBERRY. — Un bon vieillard, seigneur, il faut qu’il jase ! et comme on dit, quand l’âge entre, l’esprit sort. Oh ! c’est un monde à voir[1] ! – C’est bien dit, c’est bien dit, voisin Verges. – (À l’oreille de Léonato.) Allons, Dieu est un bon homme[2]. Si deux hommes montent un cheval, il faut qu’il y en ait un qui soit en croupe, – une bonne âme, par ma foi, monsieur, autant qu’homme qui ait jamais rompu du pain, je vous le jure ; mais Dieu soit loué, tous les hommes ne sont pas pareils ; hélas ! bon voisin !
LÉONATO. — En effet, voisin, il vous est trop inférieur.
DOGBERRY. — Ce sont des dons que Dieu donne.
LÉONATO. — Je suis forcé de vous quitter.
DOGBERRY. — Un mot encore, seigneur ; notre garde a saisi deux personnes aspectes[3]. Nous voudrions les voir ce matin examinées devant Votre Seigneurie.
LÉONATO. — Examinez-les vous-mêmes, et vous me remettrez votre rapport. Je suis trop pressé maintenant, comme vous pouvez bien juger.
DOGBERRY. — Oui, oui, nous suffirons bien.
LÉONATO. — Goûtez de mon vin avant de vous en aller, et portez-vous bien.
(Entre un messager.)
LE MESSAGER. — Seigneur, on vous attend pour donner votre fille à son époux.
LÉONATO. — Je vais les trouver : me voilà prêt.
(Léonato et le messager sortent.)