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chalands ? Est-ce ce compagnon à la face de safran, qui était en gala aujourd’hui chez moi, tandis que les portes m’étaient insolemment fermées, et qu’on m’a refusé l’entrée de ma maison ?

ADRIANA.—Oh ! mon mari, Dieu sait que vous avez diné à la maison ; et plût à Dieu que vous y fussiez resté jusqu’à présent, à l’abri de ces affronts et de cet opprobre !

ANTIPHOLUS.—J’ai dîné à la maison ? —Toi, coquin, qu’en dis-tu ?

DROMIO.—Pour dire la vérité, monsieur, vous n’avez pas dîné au logis.

ANTIPHOLUS.—Mes portes n’étaient-elles pas fermées, et moi dehors ?

DROMIO.—Pardieu ! votre porte était fermée, et vous dehors.

ANTIPHOLUS.—Et ne m’a-t-elle pas elle-même dit des injures ?

DROMIO.—Sans mentir, elle vous a dit elle-même des injures.

ANTIPHOLUS.—Sa fille de cuisine ne m’a-t-elle pas insulté, invectivé, méprisé ?

DROMIO.—Certes, elle l’a fait ; la vestale de la cuisine31 vous a repoussé injurieusement.

Niote 31 : (retour) Comme les vestales, la cuisinière entretient le feu. JOHNSON.

ANTIPHOLUS.—Et ne m’en suis-je pas allé tout transporté de rage ?

DROMIO.—En vérité, rien n’est plus certain : mes os en sont témoins, eux qui depuis ont senti toute la force de cette rage.

ADRIANA, à Dromio.—Est-il bon de lui donner raison dans ses contradictions ?

PINCH.—Il n’y a pas de mal à cela : ce garçon connaît son humeur, et en lui cédant il flatte sa frénésie.

ANTIPHOLUS.—Tu as suborné l’orfèvre pour me faire arrêter.

ADRIANA.—Hélas ! au contraire ; je vous ai envoyé de l’argent pour vous racheter, par Dromio que voilà, qui est accouru le chercher.