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leur mère, tous enlevés d’un seul horrible coup ?

MALCOLM. — Luttez en homme contre le malheur.

MACDUFF. — Je le ferai ; mais il faut bien aussi que je le sente en homme ; il faut bien aussi que je me rappelle qu’il a existé dans le monde des êtres qui étaient pour moi ce qu’il y avait de plus précieux. Le ciel l’a vu et n’a pas pris leur défense ! Coupable Macduff ! ils ont tous été frappés pour toi ! Misérable que je suis ! ce n’est pas pour leurs fautes, mais pour les miennes, que le meurtre a fondu sur eux. Que le ciel maintenant leur donne la paix !

MALCOLM. — Que ceci aiguise votre épée ; que votre douleur se change en colère, qu’elle n’affaiblisse pas votre cœur, qu’elle l’enrage.

MACDUFF. — Oh ! je pourrais jouer le rôle d’une femme et celui d’un fanfaron avec ma langue ; mais, ô ciel propice, abrège tout délai ; mets-nous face à face ce démon de l’Écosse et moi ; place-le à la longueur de mon épée, s’il m’échappe, que le ciel lui pardonne aussi !

MALCOLM. — Ces accents sont d’un homme. Allons trouver le roi ; notre armée est prête ; nous n’avons plus qu’à prendre congé. Macbeth est mûr pour tomber, et les puissances d’en haut ont saisi la faucille.—Acceptez tout ce qui peut vous consoler. C’est une longue nuit que celle qui n’arrive point au jour.

(Ils sortent.)

FIN DU QUATRIÈME ACTE.