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JULES CÉSAR.

celle-ci ! Quelques-uns d’entre nous ont vu d’étranges phénomènes.

cassius. — Ne suis-je pas attendu ? dites-le moi.

cinna. — Oui, vous l’êtes. Ô Cassius ! si vous pouviez gagner à notre parti le noble Brutus !

cassius. — Vous serez content. Cher Cinna, prenez ce papier, ayez soin de le placer dans la chaire du préteur, de façon que Brutus puisse l’y trouver. Jetez celui-ci sur sa fenêtre ; fixez ce dernier avec de la cire sur la statue de Brutus l’ancien. Cela fait, revenez au portique de Pompée, où vous nous trouverez. Décius Brutus et Trébonius y sont-ils ?

cinna. — Tous y sont, excepté Métellus Cimber qui est allé vous chercher à votre demeure. Moi, je vais me hâter et distribuer ces papiers comme vous me l’avez prescrit.

cassius. — Après cela revenez au théâtre de Pompée. (Cinna sort.) Venez, Casca ; vous et moi nous irons avant le jour voir Brutus à son logis : il est aux trois quarts à nous, et à la première rencontre l’homme tout entier nous appartiendra.

casca. — Oh ! Brutus est placé bien haut dans le cœur du peuple ; et ce qui paraîtrait en nous un attentat, l’autorité de son nom, comme la plus puissante alchimie, le transformera en mérite et en vertu.

cassius. — Vous vous êtes formé une juste idée de lui, de son prix, et de l’extrême besoin que nous avons de lui. — Marchons, car il est plus de minuit, et avant le jour nous irons l’éveiller et nous assurer de lui.

(Ils sortent.)
FIN DU PREMIER ACTE.