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à me revoir ici. Les choses arrivées au dernier degré du mal doivent s’arrêter ou remonter vers ce qu’elles étaient naguère.—Mon joli cousin, que le ciel veille sur vous.

LADY MACDUFF. — Il a un père, et pourtant il n’a point de père.

ROSSE. — Je suis si peu maître de moi-même, que si je m’arrêtais plus longtemps, je me perdrais et ne ferais qu’ajouter à vos peines. Adieu, je prends congé de vous pour cette fois.

LADY MACDUFF. — Mon garçon, votre père est mort : qu’allez-vous devenir ? Comment vivrez-vous ?

L’ENFANT. — Comme vivent les oiseaux, ma mère.

LADY MACDUFF. — Quoi ! de vers et de mouches ?

L’ENFANT. — De ce que je pourrai trouver, je veux dire : c’est ainsi que vivent les oiseaux.

LADY MACDUFF. — Pauvre petit oiseau ! ainsi tu ne craindrais pas le filet, la glu, le piège, le trébuchet ?

L’ENFANT. — Pourquoi les craindrais-je, ma mère ? Ils ne sont pas destinés aux petits oiseaux.—Mon père n’est pas mort, quoi que vous en disiez.

LADY MACDUFF. — Oui, il est mort. Comment feras-tu pour avoir un père ?

L’ENFANT. — Comment ferez-vous pour avoir un mari ?

     ; ils veulent entendre hold dans le sens de keep, tenir, tenir pour certain, et je crois qu’il doit être pris pour celui catch, prendre, recevoir, comme prendre le mal, catch the infection. Ainsi le sens sera : nous recevons le bruit de ce que nous craignons sans savoir ce que nous craignons. Il a fallu rendre l’expression de cette pensée un peu moins littérale pour la rendre plus claire, ainsi qu’il arrive souvent en traduisant Shakspeare ; mais elle me parait d’ailleurs entièrement d’accord avec la phrase suivante, encore imparfaitement comprise par les commentateurs, qui ne conçoivent pas qu’au mot float Shakspeare ait ajouté and move, « parce que, disent-ils, si nous flottons de tous côtés, il n’est pas nécessaire de nous apprendre que nous nous mouvons (move). » Il est cependant certain qu’arrêtés par un bruit vague dont nous ne connaissons pas la source, et ne sachant pas de quel côté nous devons agir, nous ajoutons à l’incertitude des événements celle de nos propres volontés : c’est ce que Shakspeare a dû et voulu exprimer.