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attaquables. Ainsi, sois joyeuse. Avant que la chauve-souris ait achevé de voler dans les cloîtres, avant qu’aux appels de la noire Hécate l’escarbot cuirassé ait sonné, par son murmure assoupissant, la cloche qui appelle les bâillements de la nuit, on aura consommé une action importante et terrible.

LADY MACBETH. — Que doit-on faire ?

MACBETH. — Demeure innocente de la connaissance du projet, ma chère poule, jusqu’à ce que tu applaudisses à l’action.—Viens, ô nuit, apportant ton bandeau : couvre l’œil insensible du jour compatissant, et de ta main invisible et sanglante déchire et mets en pièces le lien puissant qui me rend pâle ! —La lumière s’obscurcit, et déjà le corbeau dirige son vol vers la forêt qu’il habite. Les honnêtes habitués du jour commencent à languir et à s’assoupir, tandis que les noirs agents de la nuit se lèvent pour saisir leur proie.—Tu es étonnée de mes discours ; mais sois tranquille : les choses que le mal a commencées se consolident par le mal. Ainsi, je te prie, viens avec moi.

(Ils sortent.)



Scène III

Toujours à Fores.—Un parc ou une prairie donnant sur une des portes du palais.

Entrent TROIS ASSASSINS.

PREMIER ASSASSIN. — Mais qui t’a dit de venir te joindre à nous ?

TROISIÈME ASSASSIN. — Macbeth.

SECOND ASSASSIN. — Il ne doit pas nous donner de méfiance, puisque nous le voyons parfaitement instruit de notre commission et de ce que nous avons à faire.

PREMIER ASSASSIN. — Reste donc avec nous.—Le couchant étincelle encore de quelques traces du jour : c’est le moment où le voyageur attardé use de l’éperon pour gagner l’auberge désirée ; et celui que nous attendons approche de bien près.