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ne pourrait acquitter en allant au delà de toute récompense possible.

MACBETH. — Le service et la fidélité que je vous dois, en s’acquittant, se récompensent eux-mêmes. Il appartient à Votre Majesté de recevoir le tribut de nos devoirs, et nos devoirs nous lient à votre trône et à votre État comme des enfants et des serviteurs, qui ne font que ce qu’ils doivent en faisant tout ce qui peut mériter votre affection et votre estime[1].

DUNCAN. — Sois ici le bienvenu : j’ai commencé à te planter, et travaillerai à te faire parvenir à la plus haute croissance.—Noble Banquo, tu n’as pas moins mérité, et cela ne doit pas être moins connu. Laisse-moi t’embrasser et te presser sur mon cœur.

BANQUO. — Si j’y acquiers du terrain, la moisson sera à vous.

DUNCAN. — Tant de joies accumulées, prêtes à déborder par leur plénitude, cherchent à se cacher dans les larmes de la tristesse. Mes fils, mes parents, vous, thanes, et vous, après eux les premiers en dignités, sachez aujourd’hui que nous voulons transmettre notre couronne à Malcolm, l’aîné de nos enfants, qui portera désormais le titre de prince de Cumberland, honneur qui ne lui doit pas profiter à lui seul, et sans en amener d’autres à sa suite, mais qui fera briller comme autant d’étoiles des distinctions nouvelles sur tous ceux qui les ont méritées.—Partons pour Inverness ; je veux vous avoir de nouvelles obligations.

MACBETH. — Le repos est une fatigue quand je ne vous le consacre pas. Je veux vous annoncer moi-même, et remplir ma femme de joie par la nouvelle de votre arrivée. Ainsi, je prends humblement congé de vous.

DUNCAN. — Mon digne Cawdor !

  1. By doing every thing
    Safe toward your love and honour.
    Les commentateurs ont voulu expliquer ce passage assez obscur par une subtilité qui le rendrait inintelligible. Toute la difficulté porte sur le sens du mot safe, qui me paraît évidemment signifier ici entier, complet, à l’abri du reproche.