Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

prologues de la grande scène de ce royal sujet.—Je vous remercie, messieurs.—Cette instigation surnaturelle ne peut être mauvaise, ne peut être bonne. Si elle est mauvaise, pourquoi me donnerait-elle un gage de succès, en commençant ainsi par une vérité ? Je suis thane de Cawdor. Si elle est bonne, pourquoi est-ce que je cède à cette suggestion, dont l’horrible image agite mes cheveux et fait que mon cœur, retenu à sa place, va frapper mes côtes par un mouvement contraire aux lois de la nature ? Les craintes présentes sont moins terribles que d’horribles pensées. Mon esprit, où le meurtre n’est encore qu’un fantôme, ébranle tellement mon individu que toutes les fonctions en sont absorbées par les conjectures ; et rien n’y existe que ce qui n’est pas.

BANQUO. — Voyez dans quelles réflexions est plongé notre compagnon.

MACBETH. — Si le hasard veut me faire roi, eh bien ! le hasard peut me couronner sans que je m’en mêlé.

BANQUO. — Ces nouveaux honneurs lui font l’effet de nos habits neufs : ils ne collent au corps qu’avec un peu d’usage.

MACBETH. — Arrive ce qui pourra ; le temps et les heures avancent à travers la plus mauvaise journée.

BANQUO. — Digne Macbeth, nous attendons votre bon plaisir.

MACBETH. — Pardonnez-moi : ma mauvaise tête se tra

    de la rencontre des sorcières, peut regarder le salut qu’elles lui ont donné sous ce premier titre comme une preuve de leur science surnaturelle. Le traducteur écossais de Boèce semble faire entendre que Sinel ne mourut qu’après cette rencontre. Hollinshed dit, au contraire, que Macbeth, par la mort de son père, venait d’entrer (had lately entered) en possession du titre de thane de Glamis. C’est bien certainement la chronique d’Hollinshed que Shakspeare a suivie en ceci, comme dans tout le reste de la pièce ; Macbeth, ayant soin de nous apprendre quel événement l’a rendu thane de Glamis, prouve clairement que la nouvelle en est si récente pour lui, que l’idée de ce titre ne lui est pas encore familière et ne se lie qu’à la circonstance qui l’en a rendu possesseur. Shakspeare a donc voulu indiquer un événement si nouveau que Macbeth peut s’étonner que des personnes qui lui sont étrangères en soient déjà instruites.