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FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.

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    avaient trait, par la lecture de Plutarque, d’Appien et de Dion-Cassius, sources où il a puisé. Il est vrai qu’on ne trouvera pas tous ces traits dans Shakspeare, bien qu’ils n’y manquent pas complètement : mais Shakspeare s’emparera tellement du lecteur, il entraînera et occupera si fort son cœur, qu’il lui fera oublier ou négliger toutes les froides réflexions de la critique.

    L’Antoine et Cléopâtre de sir Carl Sedley est bien au-dessous de la tragédie de Dryden : elle ne fut imprimée qu’en 1677 ; je n’en connais que l’historique : mais j’ai lu une autre tragédie du même auteur, intitulée : Beauty the Conqueror, or the death of Marc-Anthony, a tragedy in imitation of the Roman way of writing : elle est imprimée avec une collection in-4 de quelques œuvres de Sedley, mise au jour par le capitaine Ayloffe, à Londres, 1702. Elle est en vers rimés et dans un style très-inégal, souvent très-enflé, quelquefois noble, et très-souvent faible. Les efforts de César pour engager Cléopâtre à quitter Antoine en font le principal sujet : cette princesse va même jusqu’à le trahir. En général le poëte s’est écarté en différentes occasions de la vérité de l’histoire ; mais les épisodes de son invention n’ont pas une grande valeur. Il amène, par exemple, sur la scène un grand scélérat, Achillas, à qui il fait ourdir des trames secrètes pour s’emparer du trône d’Égypte, qu’il espère partager avec sa maîtresse Iras. L’imitation du style romain, qu’annonce le titre de la pièce, ne se trouve que dans les chœurs des quatre premiers actes ; encore manquent-ils du vrai style lyrique.