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ACTE II, SCÈNE VII.

Ménas, à part.

Eh bien ! moi, je ne veux plus suivre ta fortune sur son déclin. Quiconque cherche l’occasion et ne la saisit pas, lorsqu’elle s’offre une fois, ne la retrouvera jamais.

Pompée.

À la santé de Lépide !

Antoine.

Qu’on le porte sur le rivage ; je vous ferai raison pour lui, Pompée.

Énobarbus, tenant une coupe.

À ta santé, Ménas.

Ménas.

Bien volontiers, Énobarbus.

Pompée, à l’esclave.

Remplis, jusqu’à cacher les bords.

Énobarbus, montrant l’esclave qui emporte Lépide.

Voilà un homme robuste, Ménas.

Ménas.

Pourquoi ?

Énobarbus.

Il porte la troisième partie du monde, ne vois-tu pas ?

Ménas.

En ce cas, la troisième partie du monde est ivre : je voudrais qu’il le fût tout entier, pour qu’il pût aller sur des roulettes.

Énobarbus.

Allons, bois, et augmente les tours de roues.

Ménas.

Allons.

Pompée, à Antoine.

Ce n’est pas encore là une fête d’Alexandrie.

Antoine.

Elle en approche bien. — Heurtons les coupes, holà ! à la santé de César.

César.

Je voudrais bien refuser. C’est un terrible travail pour moi que de laver mon cerveau, et il n’en devient que plus trouble.

Antoine.

Soyez l’enfant de la circonstance.

César.

Buvez, je vous en rendrai raison ; mais j’aimerais mieux jeûner de tout pendant quatre jours que de tant boire en un seul.

Énobarbus, à Antoine.

Eh bien ! mon brave empereur, danserons-nous à présent les bacchanales égyptiennes, et célébrerons-nous notre orgie ?

Pompée.

Volontiers, brave soldat.

Antoine.

Allons, entrelaçons nos mains jusqu’à ce que le vin victorieux plonge nos sens dans le doux et voluptueux Léthé.