Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
ACTE II, SCÈNE II.



Scène II

Rome. — Appartement dans la maison de Lépide.
LÉPIDE, ÉNOBARBUS.
Lépide.

Cher Énobarbus, tu feras une action louable et qui te siéra bien en engageant ton général à s’expliquer avec douceur et ménagement.

Énobarbus.

Je l’engagerai à répondre comme lui-même. Si César l’irrite, qu’Antoine regarde par-dessus la tête de César, et parle aussi fièrement que Mars. Par Jupiter, si je portais la barbe d’Antoine je ne me ferais pas raser aujourd’hui[1].

Lépide.

Ce n’est pas ici le temps des ressentiments particuliers.

Énobarbus.

Tout temps est bon pour les affaires qu’il fait naître.

Lépide.

Les moins importantes doivent céder aux plus graves.

Énobarbus.

Non, si les moins importantes viennent les premières.

Lépide.

Tu parles avec passion : mais de grâce ne remue pas les tisons. — Voici le noble Antoine.

(Entrent Antoine et Ventidius.)
Énobarbus.

Et voilà César là-bas.

(Entrent César, Mécène et Agrippa.)
Antoine.

Si nous pouvons nous entendre, marchons contre les Parthes. — Ventidius, écoute.

César.

Je ne sais pas, Mécène ; demande à Agrippa.

Lépide.

Nobles amis, il n’est point d’objet plus grand que celui qui nous a réunis ; que des causes plus légères ne nous séparent pas. Les torts peuvent être rappelés avec douceur ; en discutant avec violence des différends peu importants, nous rendons mortelles les blessures que nous voulons guérir : ainsi donc, nobles collègues

  1. Je paraîtrais en négligé devant lui, sans aucune marque de respect.