Souveraine d’Égypte, salut !
Que tu es loin de ressembler à Marc-Antoine ! Et cependant, venant de sa part, il me semble que cette pierre philosophale t’a changé en or. Comment se porte mon brave Marc-Antoine ?
La dernière chose qu’il ait faite, chère reine, a été de baiser cent fois cette perle orientale. — Ses paroles sont encore gravées dans mon cœur.
Mon oreille est impatiente de les faire passer dans le mien.
« Ami, m’a-t-il dit, va : dis que le fidèle Romain envoie à la reine d’Égypte ce trésor de l’huître, et que, pour rehausser la mince valeur du présent, il ira bientôt à ses pieds décorer de royaumes son trône superbe ; dis-lui que bientôt tout l’Orient la nommera sa souveraine. » Là-dessus, il me fit un signe de tête, et monta d’un air grave sur son coursier fougueux, qui alors a poussé de si grands hennissements, que, lorsque j’ai voulu parler, il m’a réduit au silence.
Dis-moi, était-il triste ou gai ?
Comme la saison de l’année qui est placée entre les extrêmes de la chaleur et du froid ; il n’était ni triste ni gai.
Ô caractère bien partagé ! Observe-le bien, observe-le bien, bonne Charmiane ; c’est bien lui, mais observe-le bien ; il n’était pas triste, parce qu’il voulait montrer un front serein à ceux qui composent leur visage sur le sien ; il n’était pas gai, ce qui semblait leur dire qu’il avait laissé en Égypte son souvenir et sa joie, mais il gardait un juste milieu. Ô céleste mélange ! Que tu sois triste ou gai, les transports de la tristesse et de la joie te conviennent également, plus qu’à aucun autre mortel ! — As-tu rencontré mes courriers ?
Oui, madame, au moins vingt. Pourquoi les dépêchez-vous si près l’un de l’autre ?
Il périra misérable, l’enfant qui naîtra le jour où j’oublierai d’envoyer vers Antoine. — Charmiane, de l’encre et du papier. — Sois le bienvenu, cher Alexas. — Charmiane, ai-je jamais autant aimé César ?