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ACTE II, SCÈNE I.

virgilie.—Oh ! non, non, non !

volumnie.—Oh ! il est blessé : j’en rends grâce aux dieux.

ménénius.—Et moi aussi, pourvu qu’il ne le soit pas trop. Les blessures lui vont bien. Apporte-t-il dans sa poche une victoire ?

volumnie.—Elle couronne son front. Voilà la troisième fois, Ménénius, que mon fils revient avec la guirlande de chêne.

ménénius.—A-t-il frotté Aufidius comme il faut ?

volumnie.—Titus Lartius écrit qu’ils ont combattu l’un contre l’autre ; mais qu’Aufidius a pris la fuite.

ménénius.—Oh ! il était temps, je le lui garantis : s’il eût résisté encore, je n’aurais pas voulu être traité comme lui pour tous les trésors de Corioles.—Le sénat est-il informé de cette nouvelle ?

volumnie.—Allons, mesdames.—Oui, oui, le sénat a reçu des lettres du général, qui donne à mon fils la gloire de cette guerre. Il a, dans cette action, deux fois surpassé l’honneur de ses premiers exploits.

valérie.—Il est vrai qu’on raconte de lui des choses merveilleuses.

ménénius.—Merveilleuses ! oui, je vous le garantis ; et bien achetées par lui.

virgilie.—Que les dieux nous en confirment la vérité !

volumnie.—La vérité ? Ah ! par exemple !

ménénius.—La vérité ? je vous le jure, moi ; tout cela est vrai.—Où est-il blessé ? —(Aux tribuns.) Que les dieux conservent vos bonnes Seigneuries. Marcius revient à Rome. Il a de nouveaux sujets d’avoir de l’orgueil.—Où est-il blessé ?

volumnie.—À l’épaule et au bras gauche.—Là resteront de larges cicatrices qu’il pourra montrer au peuple, quand il demandera la place qui lui est due.—Lorsqu’il repoussa Tarquin, il reçut sept blessures.

ménénius.—Il en a une sur le cou, et deux dans la cuisse : je lui en connais neuf.

volumnie.—Avant cette dernière expédition, il avait déjà reçu vingt-cinq blessures.

ménénius.—Il en a donc maintenant vingt-sept, et