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ACTE I, SCÈNE IX.

SCÈNE VIII

L’autre camp des Romains.
On entend des cris de bataille ; MARCIUS et AUFIDIUS entrent par différentes portes et se rencontrent.

marcius.—Je ne veux combattre que toi : je te hais plus que l’homme qui viole sa parole.

aufidius.—Ma haine égale la tienne, et l’Afrique n’a point de serpent que j’abhorre plus que ta gloire, objet de ma jalousie. Affermis ton pied.

marcius.—Que le premier qui reculera meure l’esclave de l’autre, et que les dieux le punissent encore dans l’autre vie !

aufidius.—Si tu me vois fuir, Marcius, poursuis-moi de tes clameurs comme un lièvre.

marcius.—Tullus, pendant trois heures entières, je viens de combattre seul dans les murs de Corioles, et j’y ai fait tout ce que j’ai voulu. Ce sang dont tu vois mon visage masqué, n’est pas le mien ; pour te venger, appelle et déploie toutes tes forces.

aufidius.—Fusses-tu cet Hector, ce foudre de vos fanfarons d’ancêtres, tu ne m’échapperais pas ici.

(Ils combattent sur place : quelques Volsques viennent au secours d’Aufidius : Marcius combat contre eux, jusqu’à ce qu’ils se retirent hors d’haleine.)

aufidius, en se retirant aux Volsques.—Plus officieux que braves, vous m’avez déshonoré par votre sotte assistance.

(Ils fuient poussés par Marcius.)

SCÈNE IX

(Acclamations, cris de guerre. On donne le signal de la retraite. Cominius entre par une porte avec les Romains ; Marcius entre par l’autre, un bras en écharpe.)

cominius.—Si je te racontais en détail tout ce que tu as fait aujourd’hui, tu ne croirais pas toi-même à tes propres actions. Mais je garde ce récit pour un autre