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ACTE I, SCÈNE VI.

Allons, vaillant Titus, prenez un nombre de soldats suffisant pour garder la ville, tandis que moi, avec ceux qui ont du cœur, je vole au secours de Cominius.

lartius.—Digne seigneur, ton sang coule ; tu es trop épuisé-par ce premier exercice pour entreprendre un second combat.

marcius.—Seigneur, ne me louez point, l’ouvrage que j’ai fait ne m’a pas encore échauffé. Adieu. Ce sang que je perds me soulage, au lieu de m’affaiblir. C’est dans cet état que je veux paraître devant Aufidius, et le combattre.

lartius.—Que la belle déesse de la fortune t’accorde son amour ; et que ses charmes puissants détournent l’épée de tes ennemis, vaillant Marcius ; que la prospérité te suive comme un page.

marcius.—Ton ami n’est pas au-dessous de ceux qu’elle a placés au plus haut rang. Adieu !

lartius.—Intrépide Marcius ! Toi, va sonner ta trompette dans la place publique, et rassemble tous les officiers de la ville : c’est là que je leur ferai connaître mes intentions. Partez.

(Ils sortent.)

SCÈNE VI

Les environs du camp de Cominius.
COMINIUS faisant retraite avec un nombre de soldats.

cominius.—Respirez, mes amis ; bien combattu ! Nous quittons le champ de bataille en vrais Romains, sans folle témérité dans notre résistance, sans lâcheté dans notre retraite.—Croyez-moi, mes amis, nous serons encore attaqués.—Dans la chaleur de l’action, nous avons entendu par intervalles les charges de nos amis apportées par le vent. Dieux de Rome, accordez-leur le succès que nous désirons pour nous-mêmes ! Faites que nos deux armées se rejoignent, le front souriant, et puissent vous offrir ensemble un sacrifice d’actions de grâces ! (Un messager paraît.)—Quelles nouvelles ?