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ACTE V, SCÈNE I.

ÉPILOGUE

PRONONCÉ PAR PROSPERO.

Maintenant tous mes charmes sont détruits ;
Je n’ai plus d’autre force que la mienne.
Elle est bien faible ; et en ce moment, c’est la vérité,
Il dépend de vous de me confiner en ce lieu
Ou de m’envoyer à Naples. Puisque j’ai recouvré mon duché,
Et que j’ai pardonné aux traîtres, que vos enchantements
Ne me fassent pas demeurer dans cette île ;
Affranchissez-moi de mes liens,
Par le secours de vos mains bienfaisantes.
Il faut que votre souffle favorable
Enfle mes voiles, ou mon projet échoue :
Il était de vous plaire. Maintenant je n’ai plus
Ni génies pour me seconder, ni magie pour enchanter,
Et je finirai dans le désespoir,
Si je ne suis pas secouru par la prière[1],
Qui pénètre si loin qu’elle va assiéger
La miséricorde elle-même, et délie toutes les fautes.
Si vous voulez que vos offenses vous soient pardonnées,
Que votre indulgence me renvoie absous.


FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.

  1. Allusion aux vieilles histoires sur le désespoir des nécromanciens dans leurs derniers moments, et l’efficacité des prières que leurs amis faisaient pour eux.