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LA TEMPÊTE.

Pressez-les çà et là de vos pieds légers ;
Et que de doux esprits répètent le refrain.
Écoutez, écoutez.

Refrain. (Le son se fait entendre de différents endroits.)

Ouauk, ouauk.

Ariel.

Les chiens de garde aboient.

Le même refrain.

Ouauk, ouauk.

Ariel.

Écoutez, écoutez ; j’entends
La voix claire du coq crêté
Qui crie : Cocorico.

Ferdinand.

Où cette musique peut-elle être ? Dans l’air ou sur la terre ? Je ne l’entends plus : sans doute elle suit les pas de quelque divinité de l’île. Assis sur un rocher où je pleurais encore le naufrage du roi mon père, cette musique a glissé vers moi sur les eaux ; ses doux sons calmaient à la fois la fureur des flots et ma douleur : je l’ai suivie depuis ce lieu, ou plutôt elle m’a entraîné. — Mais elle est partie. Non, elle recommence.

Ariel chante.

À cinq brasses sous les eaux ton père est gisant,
Ses os sont changés en corail ;
Ses yeux sont devenus deux perles ;
Rien de lui ne s’est flétri.
Mais tout a subi dans la mer un changement
En quelque chose de riche et de rare.
D’heure en heure les nymphes de la mer tintent son glas.
Écoutez, je les entends : ding dong, glas.

Refrain.

Ding dong.

Ferdinand.

Ce couplet est en mémoire de mon père noyé. Ce n’est point là l’ouvrage des mortels, ni un son que puisse rendre la terre. Je l’entends maintenant au-dessus de ma tête.