Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
ACTE II, SCÈNE II.

guildenstern. — En quoi, mon cher seigneur ?

hamlet. — Je ne suis fou que lorsque le vent est nord-nord-ouest ; quand le vent est au sud, je distingue très-bien un faucon d’un héron.

(Polonius entre.)

polonius. — Grand bien vous fasse, messieurs.

hamlet. — Écoutez, Guildenstern… et vous aussi… pour chaque oreille un auditeur… ce grand marmot que vous voyez là n’est pas encore hors du maillot.

rosencrantz. — Peut-être y est-il revenu, car on dit que le vieillard est une seconde fois enfant.

hamlet. — Je vous fais ma prophétie qu’il vient pour me parler des comédiens ; garde à vous !… Vous avez raison, monsieur ; lundi matin, c’est bien cela, en vérité.

polonius. — Mon seigneur, j’ai des nouvelles à vous apprendre.

hamlet. — « Mon seigneur, j’ai des nouvelles à vous apprendre. » Du temps que Roscius était acteur à Rome…

polonius. — Les acteurs sont ici, mon seigneur.

hamlet. — Bah ! bah !

polonius. — Sur mon honneur.

hamlet. —

Alors arrive chaque acteur sur son âne…

polonius. — Les meilleurs acteurs du monde, pour la tragédie, pour la comédie, le drame historique, la pastorale comique, l’histoire pastorale, la tragédie historique, la tragi-comédie, les pièces avec unité, ou les poëmes sans règles, Sénèque ne peut être trop lourd, ni Plaute trop léger pour eux ; pour le genre régulier, comme pour le genre libre, ils n’ont pas leurs pareils.

hamlet. —

Ô Jephté, juge d’Israël !

Quel trésor tu avais !

polonius. — Quel trésor avait-il, mon seigneur ?

hamlet. — Quel trésor !

Une fille très-belle, et rien de plus,
Il l’aimait mieux que bien.